pays ruthénois

La Vinzelle

«La Vinzelle, 15 habitants, 11 réverbères, 4 cloches et 20 000 touristes par an.» Il y a de la galéjade dans la façon dont Roger Poujade présente son village d’enfance qui lui tient tant aux tripes. Ce jeune retraité, voilà peu prof d’histoire-géo dans les zones « chaudes » de la banlieue nord parisienne, est un des trois fondateurs de l’Association des Amis de la Vinzelle. C’est aussi et surtout un bel exemple de ténacité aveyronnaise.

Il y a toujours eu beaucoup de passage à la Vinzelle située à une quinzaine de kilomètres de Conques. Ce n’est pas un hasard si le village a donné son nom à l’une des portes d’accès de Conques. L’une des voies du pèlerinage passait sans doute par là.
Aujourd’hui, ce pittoresque petit bourg avec ses toits de lauze en amont de Grand Vabre fait l’objet d’un bouche-à-oreille bondissant. Le panorama qu’il révèle les soirs d’été, cette vision sensuelle des monts qui bordent les méandres du Lot fait le reste.

Il y a aussi sa fameuse grosse cloche de 1250 kg offerte en 1870 par un riche paroissien Jean Ouillades de la Vinzelle (pour le rachat de ses péchés ?) et baptisée par l’évêque de Rodez, le cardinal Bourret.

Assourdissant bourdon, que les dévotes bigotes ne purent supporter au point qu’on le déplaça de l’église à laquelle il était destiné. On l’installa sur le rocher voisin dominant le village et on fit appel au préfet pour financer la construction d’un nouveau clocher. Le bourdon fut d’une grande utilité pour les maraîchers et les vignerons de La Vinzelle (dont le nom viendrait du latin vinum cella, caves à vin). Ses ondes éloignaient les orages trop menaçants. Du coup, la foudre tombait alors chez les voisins. Pendant des dizaines d’années, cela n’améliora pas les relations de voisinage entre les Vinzellois et leurs voisins. La situation s’est améliorée depuis une trentaine d’années, depuis que l’exportation de la foudre chez le voisin -par tout moyen- a été prohibée.

 

 

 

 

 

 

 

« La Vinzelle, 15 habitants, 11 réverbères, 4 cloches et 20 000 touristes par an. « 

Comme de nombreux villages d’Aveyron, la Vinzelle fut une terre d’immigration.
« Ici quand on partait on emmenait un peu de terre dans le soulier. Pour ma part, quand je suis revenu au pays, je ne voyais plus le village comme les autres. »
Peu décidé à laisser les outrages du temps emporter l’image de leur village, Roger et ses deux complices de l’association, sont parvenus à sensibiliser ses habitants à sa préservation. On releva les murs, pava la rue Charlemagne, restaura la fontaine Saint-Clair, et l’on fleurit le village, ce qui lui valut le premier prix des villages fleuris.

Revenu au pays chercher femme à Bournazel, il repartit en Californie refaire fortune. L’objectif atteint, il racheta le château voisin de la Selve où il avait servi valet de ferme.
Son petit neveu est de cette trempe. Si vous croisez Roger Poujade à l’auberge du Peyral tenu par Murielle et Jean-Pierre Gaudy d’où la vue sur le Lot est aussi belle que l’assiette, il vous guidera dans le village. Il est intarissable sur Charlemagne, le Prince Noir ou les poètes rouergats comme Henri Mouly, poète occitan qui enseigna de 1919 à 1923 à l’école de la Vinzelle. Il pourra vous parler du temps où les Grimaldi étaient aussi les souverains du Rocher de la Vinzelle comme d’ailleurs tout le Carladez. Essayez de le convaincre de publier le poème enchanteur qu’il a composé sur son village.
Le 16 août, c’est le grand jour de La Vinzelle. On commémore Saint-Roch, patron du village, pour avoir épargné les villageois de la peste. Le grand banquet organisé bénévolement par les membres de l’association attire 500 convives. Il réunit à la fois des Aveyronnais et des Cantalous voisins et venus en amis.

Roger Poujade a de qui tenir. Son arrière grand-oncle, Julien, fit fortune à San Francisco sans avoir au préalable perdu son hôtel lors du fameux tremblement de terre de San Francisco de 1906.

Le poème d’un Aveyronnais sur La Vinzelle.

Marc Ganry est un poète aveyronnais. Un fou de son Aveyron et de ses paysages qui publie ses œuvres sur www.expression9.com Il faut faire un tour, pour le plaisir ! Il nous livre sa dernière la création sur le beau village de La Vinzelle.
“J’écris avec mes mots, mes sentiments, mon âme, mon coeur. Je suis varié dans mes thèmes.
J’espère que cet écrit vous plaira.Bientôt je vais me retirer à Marcillac-Vallon. J’aurai tout loisir de continuer à écrire.” nous écrit-il

Entre terre et ciel
Il m’apparut dans toute sa splendeur,
Mémoire vivante, entre terre et ciel,
Oasis décoré de mille fleurs,
Digne de la plus belle aquarelle.
Son nom de baptême, La Vinzelle,
Joli village aux portes du midi,
Qui veille, telle une sentinelle,
Sur la vallée, reflet du paradis.
Rivière « Lot» y glisse en profondeur,
Bordée par des coteaux en habits verts ;
Elle est fière quand elle voit, sur ses hauteurs,
Les coiffes en lauze orner les chaumières.
Un village aux murs remplis d’Histoire,
Solides témoins d’un temps accompli,
Pierres gravées par des années noires,
Vies de peines, de joies, labeurs aussi.
Dans les ruelles étroites et escarpées,
Jadis foulées par des pas besogneux,
Je cherche en vain l’âme d’un temps passé,
Souffle d’antan à jamais silencieux.
Puis les pages des ans se sont tournées,
La Vinzelle a changé de visage,
Les outrages du temps se sont gommés,
Le hameau fleuri a un autre âge.
Sous le ciel azuré de l’Aveyron,
La fontaine Saint-Clair émerveille,
Et l’église, haut lieu de réflexion,
Inlassable gardienne, surveille.
Sur son rocher, tout près du firmament,
La grosse cloche sculptée s’assoupit,
Son bourdon n’est plus conflit, ni tourment ;
Quand elle se réveille, elle rend la vie.
Le soleil s’endort tout à l’horizon,
La Vinzelle salue ses pèlerins,
Au revoir, beau village d’Aveyron,
Ton grand charme vaut bien quelques quatrains.

Marc GANRY
10/01/2005

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