L'histoire en 15 tableaux

Tableau n°6 : Oh mon barbare, oh mon désespoir….

Bataille de Poitiers en 732, tableau de Charles de Steuben (1837).

« Allah Akbar, Allah Akbar ! » Les guerriers d’Anbassa, après avoir dévasté Nîmes et Carcassonne, déboulent en Rouergue. Le son mat de la galopade de leurs petits chevaux berbères et les youyous stridents ne parviennent pas à couvrir le cri de guerre aux infidèles qui résonne dans les vallées rouergates dans ces années 720.

Les autochtones surpris, réalisent à peine l’ampleur du drame qui se joue. Une flèche sarrasine a vite fait de se ficher dans leur moelle épinière. Le Djihad, comme plus tard la Croisade, abolit tous les interdits et repousse les limites de la cruauté. Les têtes des enfants roulent sous les lames des cimeterres tandis que les femmes hurlent de leurs dernières forces sous les assauts sexuels des enragés. Une fois, les Maures repartis vers le Gévaudan, il ne reste plus âme qui vive, même le bétail gît les quatre pattes en l’air. Saint-Hilarian, qui se trouvait à Espalion, fut décapité par les Sarrasins. La légende dit que le Martyre aurait porté sa tête à sa mère…

Les Rouergats ont beau avoir connu l’invasion wisigothe et leur installation progressive autour de Toulouse, vu passer les tribus Vandales en route vers l’Afrique du Nord, les raids sarrasins ont suscité un effroi sans borne. Ce n’est qu’en l’an 800 que les choses se tassent avec l’Empire de Charlemagne. Le répit est bref, à peine estompé le souvenir des Maures, que voici les Vikings tout aussi épouvantables.

 

drakkarEn 864, après avoir fondu sur Toulouse, ils se tournent, eux aussi, vers le Rouergue. Mais cette fois-ci, l’armée de Charles le Chauve les arrête à Connac au sud de Réquista. La bataille devient une grande fresque légendaire.

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Paradoxalement la splendeur des grandes abbayes aveyronnaises – à commencer par Conques – doit beaucoup à la peur suscitée par les Vikings. Et pour cause, ces grands amateurs de butins se précipitent d’abord sur les monastères et abbayes établies sur les rives des fleuves qu’empruntent leurs drakkars. Du coup, les moines ont tendance à mettre à l’abri les reliques qui fondent leurs abbayes dans l’arrière-pays. Ainsi, les ossements de Sainte-Foy, vénérée à Conques, proviendraient-ils du monastère d’Agen que ses religieux auraient voulu soustraire à la menace normande ? Phénomène similaire avec la fondation de l’abbaye de Vabres fondée par des moines fuyant les rives de la Dordogne.

Lire à propos de Sainte-Foy l’explosion du « relique’s business »