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Aveyron Expansion fait campagne pour le « Fabriqué en Aveyron »

fabric_aveyron« Choisissez « Fabriqué en Aveyron », nos choix sont nos emplois ». Aveyron Expansion, bras armé économique du Conseil général, s’est offert une campagne de pub pour encourager les Aveyronnais à acheter les produits estampillés « fabriqué en Aveyron ». Un petit stimuli au chauvinisme rouergat qui fera réfléchir ceux qui seraient tentés de craquer pour un sac ou un couteau fabriqué par des gamins au Pakistan ou en Chine.

Fabriqué en AveyronAvec cette campagne, dont on nous assure qu’elle n’a pas coûté plus de 10 000 € au contribuable, les panneaux étant gratuitement mis à disposition, les huiles du Conseil général se sont fait du bien à l’ego. Dommage que le communiqué d’Aveyron Expansion n’ait pu résister au laïus un chouia mégalo. «L’Aveyron, grâce à l’estampille « Fabriqué en Aveyron », représente peut-être une avant-garde. Une nouvelle façon de produire et de consommer, respectueuse de l’environnement de terroirs ancestraux et de maintenir l’emploi sur le  territoire  ».

C’est oublier l’esprit communautaire des Aveyronnais et la volonté de vivre au pays qui animait déjà voilà 50 ans des hommes comme Valadier avec la coopérative Jeune Montagne qui, sans estampille, ont réussi à créer des modèles de développement assis sur un territoire. C’est faire aussi peu de cas de l’INAO et des AOC et des IGP qui pourraient concerner d’autres produits qu’alimentaires.
C’est enfin prêter le flanc à un retour de boomerang au chapitre environnement où tout n’est pas si vert. Voir par exemple le cas du bilan écologique du magazine « La Vie » qui place l’Aveyron au 91ème rang sur le plan de la biodiversité… Ne parlons pas de l’absence de garanties de certaines filières animales (type Veau d’Aveyron) de recourir au soja brésilien transgénique ou de la volonté tenace de la FDSEA de développer coûte que coûte une filière porcine quitte à remettre en cause des projets d’entreprises justement centrés sur la nature à l’exemple de « Nutergia » qui a finalement choisi d’implanter son campus à Toulouse plutôt qu’en Aveyron.

«Fabriqué en Aveyron» est une marque dont l’usage est accordé par un Comité d’Agrément piloté par Aveyron Expansion. Regroupant des responsables du Conseil général, des trois chambres consulaires de l’Aveyron (Commerce et Industrie, Artisanat et Agriculture) et d’Aveyron Expansion, ce comité se réunit tous les deux mois et examine les demandes qui lui sont adressées. L’estampille est accordée aux entreprises qui fabriquent leurs produits sur le territoire départemental dès lors qu’au moins 50 % du prix de revient final du produit sont issus du territoire. L’agrément est valable un an pour chaque produit.

label_bio_sud_ouestMais le label pourrait bien être victime de son succès. «Depuis que TF1 lui a consacré un reportage on a constaté un allègement des conditions des critères d’exigibilité. De 80% du prix de revient final du produit issus du territoire, on est passé à 50%. Depuis, on s’interroge sur le maintien de l’estampille « Fabriqué en Aveyron » »explique la patron d’une entreprise de charcuterie.
D’autant que d’autres labels montent en puissance peut-être plus porteurs pour les entreprises attaquant l’export. Ainsi en va-t-il de la marque « Bio Sud-Ouest France » lancée récemment par les Conseil régionaux Aquitaine et Midi-Pyrénées et qui fait hésiter quelques producteurs alimentaires à multiplier les étiquettes au risque de voir leur packaging ressembler à l’uniforme d’un maréchal Nord-Coréen. Une nouvelle concrétisation du mille-feuille territorial français…

Aujourd’hui, 158 entreprises aveyronnaises ont adhéré à la démarche pour plus de 1550 produits. Sans surprise, l’agroalimentaire représente plus de la moitié des produits, suivie par la filière bois et ameublement (15%) et le textile le cuir et l’habillement (11%).

Aveyronnais et Bretons, des approches agroalimentaires différentes

Avec 52% d’entreprises, l’agroalimentaire se taille la part du lion des entreprises estampillées «Fabriqué en Aveyron». Et ce n’est pas un hasard. Les Aveyronnais, gastronomes par culture, n’ont jamais rougi de leurs produits. On pourrait même dire qu’au fil des ans la qualité et leur traçabilité de ces derniers n’ont cessé de s’améliorer. Michel Bras l’a lui-même confirmé récemment devant la Fédération des Amicales parisiennes. C’est là un point qui fait la différence avec la Bretagne des « Bonnets rouges ». La fierté des Bretons et leur capacité à se mobiliser rendent parfois jaloux bien des Aveyronnais. Mais la qualité n’a pas forcément suivi sur le plan agro-alimentaire. Les déboires des filières volailles et porcines bretonnes qui laissent aujourd’hui sur le carreau des hommes et des femmes ne sont pas le seul fait de la concurrence allemande mais aussi d’une vision strictement productiviste qui a tiré un trait sur la qualité. Et l’environnement comme en témoignent les millions d’euros consacrés au traitement des algues vertes. Ainsi, la mise à bas des portiques d’Ecotaxe et le report du dispositif du gouvernement pour calmer les « chouans » n’ont pas fait sourire tous les chefs d’entreprises aveyronnais dont certains ne se privent pas de condamner des actions coûteuses pour la France. Tout chauvinisme a ses limites.